samedi 22 décembre 2012

L'envol des Canaries

Le 22 décembre 2012.

Le soleil se lève et je le regarde.


"Le moment est venu" murmure la petite voix.


L'envol des Canaries.



A bientôt, au Cap Vert.

Capucine


ps: Pour des raisons administratives qui me dépassent, je pars sans Iridium. Ni position ni nouvelle d'ici l'arrivée au Cap Vert. dans environ 10 jours. peut-être plus, peut-être moins. Tout ira bien et avec TaraTari nous allons passer notre 2ème Noël en mer. Heureuses fêtes à tous. Et n'oubliez pas: offrir de l'amour et du respect est le plus beau, le plus tendre des cadeaux. x cap.

vendredi 21 décembre 2012

Estimada marina Puerto Calero

Chers amis,
Avec Tara Tari, nous reprenons notre route et c'est avec beaucoup d'émotion que je passe ma dernière soirée ici, à la marina. Ces quelques mois d'escale auront profondément marqué mon aventure, ma vie à bord de TaraTari.
Je ne saurai vous dire à quel point je suis reconnaissante envers la marina Puerto Calero, l'équipe du Varadero et envers vous tous qui avez pris si bien soin de mon petit bateau et de moi depuis notre arrivée sur l'île. J'ai fait de très belles rencontres et je pars en me promettant de revenir bientôt. L'aventure humaine est intense; quand on voyage seule et avec bien peu, la moindre attention est un précieux cadeau. Et il y a eu tant de bons moments, de rires et de sourires échangés, ici! Énergie positive! Parfait pour recharger les petites batteries de TaraTari (et les miennes)! ça fait avancer dans le bon sens, comme un bon vent portant!
Je pars de Lanzarote en m'étant humainement enrichie de tant de partages. Alors voilà, avec simplicité, avec sincérité, je vous dis 'merci' à toi Mel, ainsi qu'à tous ceux qui font vivre cette belle marina. Il y aura un peu de vous à bord pour la suite de mes pérégrinations.
Bonnes fêtes et à bientôt pour d'autres partages!
Bon vent, belle mer et... vive le jute! ;)
Capucine



Estimados amigos,
Con Tara Tari, ya zarpamos y es con mucha emoción que paso mi ultima noche aquí, en la marina. Esos meses de estancia aqui habran profundamente marcado mi aventura, mi vida a bordo del Tara Tari. Marina Puerto Calero, Varadero Puerto Calero, y a todos vosotros que habeis cuidado tan bien de mi pequeno barco y de mi desde nuestra llegada en la isla: no podria decirles lo agradecida que soy. Conoci a muy buenas personas y me voy haciendome la promesa de volver pronto.
La aventura humana es intensa; cuando se viaja sola y con tan poco, el menor detalle se convierte en gran regalo. Y pasamos tantos buenos momentos, compartimos tantas risas y sonrisas, aqui! Hicimos el lleno de energia positiva! Perfecto para cargar las pequenas baterias del TaraTari (y las mias;) ! Nos permiten avanzar, como un buen viento de popa!
Me voy de Lanzarote enriquecida a nivel humano por compartir tanto. Asi que nada, con sencillez, con sinceridad, os doy las gracias. a ti, Mel, y a todos vosotros que hacen vivir esa hermosa marina. Habra un poco de vosotros a bordo, para siempre.
Felices fiestas, estimados amigos.. y nos vemos pronto.
"Bon vent, belle mer" y... viva el yute ;)
Capucine (que no encuentra las tildes en su ordenador, sorry : /



jeudi 20 décembre 2012

soon soon


Tout est prêt pour partir. Mais j'attends toujours l'Iridium bloqué aux douanes à Gran Canaria.. et pourtant envoyé il y a un mois. Je suis patiente et peux attendre, mais pas fastoche de récupérer le petit bidule qui me permettrait de communiquer de temps en temps avec la terre. Et pas très envie d'attendre mille ans ici. Ce n'est pas très grave, mais maintenant qu'il a été envoyé, ce serait bien dommage de partir sans. Voilà ce qui empêche mon départ aujourd'hui... Quant à demain, nous verrons bien!


Tout va bien et je suis très heureuse de repartir au large.
A bientôt pour un petit au revoir avant de partir!
Capucine

patera

Ile de Lanzarote. Décembre 2012.

Fffftttttttfffffttttttttttfffffttttttffffftttttttttffffftttt Le ciel gronde. Et pourtant il fait grand beau. Ce sont les hélicoptères militaires qui, deux par deux, sillonnent la côte. A toute heure. Les pales, hélices de leurs machines fouettent l'air. Incessant va-et-vient. Assourdissant. Les badauds lèvent le nez, scrutent le ciel, admirent les engins de guerre et reprennent leur activité - manger une glace. A peine revenue de ma nav dans les îles préservées, je laisse un instant mon bricolage, interroge des pêcheurs avec lesquels j'ai pu me lier d'amitié ces derniers mois. Ils savent: "Dans la nuit de mercredi à jeudi dernier, une "patera" était sur le point d'accoster sur l'île, un peu plus au Nord, quand la patrouille de la Guardia Civil les a abordés et, foirant leur manoeuvre, ils sont entrés en collision avec l'embarcation. Un mort et sept disparus. Des blessés emmenés d'urgence à Gran Canaria.. et les 17 survivants clandestins détenus. L'embarcation a coulé." me relatent-ils, le ton triste.

Une "patera" est à la base une embarcation espagnole à fond plat. Mais ce terme concerne aujourd'hui tout type de bateau utilisé par des groupes d'immigrants clandestins. Ces bateaux de fortune servent à travers le Détroit de Gibraltar, la Mer Méditerranée ou l'Océan Atlantique pour arriver en Andalousie, en Murcie ou encore aux îles Canaries, où je me trouve. Le mot est entré en 2001 dans le Dictionnaire de la langue espagnole. C'est dire si c'est la pratique s'est banalisée; la situation, aggravée. Un truc normal en plus, peut-être, dans notre société sans conscience. Depuis mon passage en Andalousie avec Tara Tari, je suis témoin de ça, de cette détresse. "Les pateras arrivent tout le temps, tu sais... " m'expliquait-on déjà en Andalouise. Je n'en ai pas parlé du tout ici parce que je ne sais pas comment en parler. Mais en prenant le temps là où je passe, je fais toutes sortes de rencontres. Il n'y a pas de mot pour la douleur que l'on ressent face à la détresse des autres.
Et les hélicoptères passent et repassent.

Une "patera"
Un peu coupée du monde, enfin d'un certain monde, celui de nos villes qui grouillent, qui râlent pour un rien, pour un tout mais sans rien faire pour changer radicalement le cours des choses. Un peu coupée du monde, disais-je, je ne fais pas grand chose pour suivre les infos tellement désagréables qui se passent dans "ce monde". Je préfère apprendre du ciel et de la mer, des poissons et des arbres. Mais la réalité de la vie de ce que l'Homme a fait du monde me rattrape parfois. Par le bruit des pales d'hélicoptères par exemple. Ou comme à Gibraltar, quand les avions de chasse hurlaient dans le ciel et faisaient trembler la terre, le temps de faire le plein d'essence et de repartir vers le Mali, vers la Syrie où je ne sais quel autre pays en souffrance.

Des enquêtes sont en cours, et les recherches des corps des disparus ont été abandonnées. Ce qu'il s'est passé sur l'eau cette nuit-là? On parle de "gros problème technique" du bateau patrouilleur et on dit plein de choses. Bien que l'affaire soit terriblement triste, je crois que ce qui me choque le plus dans tout ça, ce n'est pas forcément l'accident qui a fait couler le bateau et de l'encre ici, mais surtout que l'on en soit arrivé là. A laisser des hommes dans de telles situations de détresse.

On s'agite pour gérer l'immédiat, l'émotif, l'arrivée des pateras et les conséquences, mais le vrai truc à faire, ce serait d'aider (pour de vrai) des humains à vivre, afin que l'exil ne soit plus la seule solution pour des peuples entiers. Et dire que l'on marche sur la lune. Tout est question de priorité, n'est ce pas.

Les hélicoptères bourdonnent, les troncs des cocotiers sont enguirlandés pour Noël et à la VHF, on demande aux navigateurs de veiller à la possible découverte des corps de sept immigrants disparus.

Sentiment amer face à mon inutilité, ça me bouffe.
Il fait nuit. Et les hélicoptères passent; tournent en rond.
Qu'avons nous fait de nos vies, de nos âmes, du monde?
Capucine

lundi 17 décembre 2012

Gold of Bengal

Chers amis,
Il est important de se faire relais d'informations porteuses de solutions, alors un petit mot pour vous donner de bonnes nouvelles du Bangladesh: les recherches avancent bien et le petit frère de Tara Tari est en train de naître!

Gold of Bengal - voilier en Pat (jute)
Reprenons..
Corentin a, depuis son expédition à bord de TaraTari, lancé son projet "Gold of Bengal", au Bangladesh. NB / Vous pouvez toujours trouver dans vos librairies, le super récit de Corentin: "L'Aventure de Tara Tari" aux éditions La Découvrance.

Gold of Bengal est un programme de recherche de l'association Watever, basé au Bangladesh. Il vise le développement d'un nouvel eco-matériau à base de fibre de jute. (http://www.watever.org/)

vive le jute ;)

Pourquoi le jute ?
Parce que Corentin, alors qu'il travaillait pour le chantier naval TaraTari au Bangladesh, s'est retrouvé face à 2 problématiques:
- L’utilisation de plus en plus étendue de la fibre de verre dans la construction des bateaux, alors que ce composite polluant n’est pas recyclable.
- Le déclin de l’industrie du jute au Bangladesh, de laquelle dépend 40 millions de personnes, malgré les nombreuses propriétés de cette fibre naturelle.

Face à ces problématiques, Corentin et son équipe - ils sont 6 sur place - se lancent dans la réalisation des solutions en lançant la construction du bateau Gold of Bengal: Premier bateau réalisé en infusion au Bangladesh – Plus grosse infusion de jute du monde, ce bateau constitue un moyen de faire avancer les recherches sur le matériau et de communiquer sur ses potentialités.

Parrainé par Roland Jourdain, ce bateau va permettre:

D'un point de vue technique:
- De faire avancer les recherches sur le matériau.
- De tester la construction d'objets de grande taille en "Pàt" (composite en jute ).
- De tester le vieillissement du matériau en milieu aqueux.
- De chiffrer l'avantage écologique et économique de l'utilisation du jute en remplacement de la fibre de verre.

Jute do it

La construction du bateau a déjà commencé. Des partenaires de Corentin et son équipe aident déjà à financer la main d’œuvre, les infrastructures… Mais la belle équipe a encore besoin d'aide et a lancé une campagne de crowdfunding, avec diffusion de petits films sur les étapes de la construction et tout et tout (ils font ça bien, hein?). Il est important de savoir que « Gold of Bengal » ne sera pas le bateau d’un projet, mais bel et bien l’ambassadeur d’un nouveau mode de construction navale et de toute une communauté de personnes qui pensent que la technologie et le respect de l’environnement peuvent s'accorder.

Pour participer au projet et aider Gold of Bengal à aller porter son message, il suffit d'aller sur le site suivant: http://www.kisskissbankbank.com/gold-of-bengal-premier-voilier-en-fibre-de-jute

Avec Tara Tari, nous sommes un peu loin mais de tout notre coeur, nous souhaitons la plus belle des naissances à Gold of Bengal dont la mise à l'eau est prévue en Février 2013, et plein de bonheur à l'équipe dans ce grand projet! 

Vive le jute!
Capucine


ps: Tara Tari compte 40% de jute + résine polyester (pas d'epoxy au Bangladesh) pour ceux qui me posent souvent la question ;)

vendredi 14 décembre 2012

et des milliers d'étoiles

Iles Canaries. décembre 2012.

Cabotage dans les îles encore un peu sauvages, encore un peu épargnées.
Un peu coupée d'un monde pour me retrouver un peu plus en harmonie avec le monde.
Loin des lumières superficielles, les étoiles, si belles, se dévoilent à qui les espère.
Apaisement.

Volcans, pêche à la sardine et noix de coco.
Et des milliers d'étoiles.
Vie sauvage.

De retour au port pour terminer un peu de bricolage (le régulateur d'allure, la couture de la voile..) et attendre l'Iridium toujours bloqué quelque part, je découvre en retrouvant un écran d'ordi que beaucoup se sont inquiétés de mon silence, ces derniers jours. Mais tout va bien: j'étais en mer, au mouillage ici et ailleurs, dans des petits coins de terre, d'îles désertes. Loin des montres et du virtuel.


Tout va bien.
La situation météo se stabilise enfin et mon bricolage de régulateur avance, donc tout devrait permettre un départ le 20 décembre, vers le Cap Vert.

A bientôt,
Capucine